«Tu fais quoi dans la vie?» Cette question me torture toujours. Il me faudrait à chaque fois rétablir le contexte: dans un sous-sol à Drummondville, entouré de National Geographic, je voulais avoir des aventures, parcourir le monde et porter des grosses bottes en cuir avec des pics en dessous. Faute de montagnes ou de grottes profondes, j’ai donc commencé par explorer les égoûts du centre-ville. Mon pouce m’a conduit vers les montagnes de l’ouest du pays à 18 ans. J’en suis revenu sur un vieux vélo 10 vitesses avec une tente coincée de travers dans le guidon. Je n’avais aucune idée comment vivre des aventures ou faire du plein-air. Je savais juste que je devais me lancer et que le reste suivrait.
J’ai aussi voulu découvrir le reste du monde. Voyager coûte cher. C’est comme ça que j’ai guidé dans les montagnes en Suisse de jour et lavé de la vaisselle de soir. À Whistler, j’ai enfilé toutes sortes de métiers dont le ski en hélico. Quatre à six mois de travail, entrecoupés de sorties en montagne, et je partais jusqu’à temps que les fonds s’épuisent.
Juste pour voir si je pouvais, j’ai décidé de traverser le Canada en canot et de marcher des mois durant sur des sentiers. En prime, pas de loyer à payer pendant ce temps-là; comme les neuf mois où j’ai dormi dans mon station wagon en explorant la Côte-Nord, et grimpé en Alberta.