Le contexte : Par un heureux mélange d’époque et de situation (1970-1975). Il était « normal » que les enfants passent la journée dehors sans supervision des parents, comme partir à vélo mustang bien loin de la maison pour aller se baigner dans des rapides.
Le dilemme : Été 1974. Après le divorce, mon père n’est pas du tout cool avec ma mère. Il nous interdit formellement de la voir pendant nos vacances d’été. J’ai 15 ans et mon frère Paul a 14 ans.
Le plan : On dira à mon père qu’on part pour une semaine de rando sur le sentier de l’Estrie; et, sur le pouce, on descendra rejoindre notre mère dans le Maine (435 km). Simple!
L’exécution : Mon frère invite un ami. Le pouce à trois n’est pas bon. On se sépare. Après quelques lifts, je passe les douanes américaines seul et à pied. « Your papers please » « I don’t have any ». Le douanier est dubitatif. « Where are you going?” “To see my Mom in Ogunquit”. Il est toujours dubitatif… “How much money do you have on you?” “75$” (C’est pas gros mais “responsable” pour cette époque). Il se réchauffe. « Where do you study » « Séminaire de Sherbrooke »… « Have you been rabies shot?” (As-tu été vacciné contre la rage?)… “Excuse me Sir but why are you asking me that question?” “Because the only identification you have on you is a dog tag on a leather lace!” On sourit les deux. Il avait raison, je portais la médaille de mon chien décédé au cou. « Welcome to the US of A! »
Paul et moi sommes rentrés à la maison bien bronzés après une semaine à la plage. Quand mon père nous a demandé comment avait été notre randonnée; « C’était superbe, grand beau temps! » Et nous n’avons jamais senti le besoin de lui en dire plus.
Je savais dès lors que la vie serait fascinante! J’avais goûté à la liberté.