J’adore les anecdotes, elles rythment ma vie
J’ai d’abord fait des treks simplement pour me rendre grimper. L'ampleur du trajet à faire n'était pas le but mais une étape nécessaire. Je viens d'ailleurs d'apprendre, dans mes recherches pour rédiger ce CV, que j'ai marché 130 km dont 75 sur des glaciers pour me rendre au K2! Mais au fil des ans, certaines aventures deviennent plus mémorables pour diverses raisons; et je garde quelques savoureuses anecdotes autant des escalades que des treks :
1) Opéra divin : Sur une variante du Tour du Mont Blanc, Hubert nous accueille dans son petit refuge de 20 places à 2730m, nous sert ses dernières bières froides de la saison sur la terrasse au son d’un opéra céleste. Devant nous, les nuages valsent devant le Dôme de Miage. C’est exquis!
2) Divertissements : Aux bivouacs, au bord du feu de bois avec Mohammed, notre conducteur de jeep et guide Touareg, on s’ennuie un peu à attendre que la galette cuise dans le sable chaud sous les braises. Car après avoir parlé des enfants que je n’ai pas, rapidement épuisé mon répertoire de blagues appropriées, on craint avoir perdu la capacité de se distraire avec rien… et que la soirée sera longue. Jusqu’à ce que Mohammed commence avec la première charade. Je le relance de mon mieux. Mais il réitère en force et je comprends que j’ai affaire à un véritable Maître. S’ensuivent alors d'interminables séances de charades pendant des semaines; ponctuées de rires, fausses pistes, bons indices et exclamations tard dans la nuit. Et toutes les soirées passent vraiment trop vite.
3) Cocasse : Je suis en tête dans la longueur clef à l’ouverture de la Voie des Gladiateurs au Cap Trinité, en train de forer un trou avec un tamponnoir manuel et un marteau (un travail de 15 minutes quand le rocher est trop compact pour offrir un autre moyen de progression). Je suis à 250 mètres au-dessus du Saguenay, le long d’une paroi rigoureusement verticale et je tombe de 6 mètres. Le petit bout de rocher qui me tenait, a cassé. Mais malheur, j'ai perdu le tamponnoir que j’avais en main. On est cuits car je dois forer ce trou pour terminer la voie. Désespéré, je regarde en haut… et surprise! Le tamponnoir est resté dans le trou à demi-foré. Yeah!
4) Perfection : Avec Peter, on a l’ambition d’un méga bel enchaînement qui demande compétence, endurance et chance: Trois jours pour grimper trois grandes classiques du « Fifty Classics Climbs of North America », la bible absolue des grimpeurs. Nous grimpons d’abord la Beckey-Chouinard sur South Howser tower en 12 heures, de notre camp au col Bugaboo (un temps hyper rapide). Le lendemain, nous grimpons la voie Turner sur l’arête Est de Bugaboo, ramassons notre camp au col et dévalons le sentier jusqu’à notre auto pour aller dormir au pied de l’arête nord-ouest de Sir Donald. Au réveil, nous avalons l’arête sans corde pour se retrouver à l’auto, 9 heures plus tard. Fier de notre bon coup, nous célébrons avec un immense spaghetti et les bières Kokanee laissées au froid dans le ruisseau la veille.