L’être humain gagne à être connu
La Voie Lycienne, un sentier d’environ 500km que je marche seul dans le sud de la Turquie depuis quelques semaines. Avec moi : mon sac à dos, ma tente, une insatiable envie d’explorer et une carte imprécise qui n’a pas d’échelle. Après deux jours d’autonomie j’arrive enfin à un petit village où je compte bien me réapprovisionner pour le soir et les 24 heures suivantes, jusqu’au prochain hameau. Mais en arrivant… surprise! Le village se résume à deux routes de terre au milieu des collines et d’une mosquée plantée à l’intersection. J’ai faim… Je cherche en vain un endroit où me ravitailler jusqu’à ce qu’un jeune homme qui me voit m’interpelle et m’amène un peu plus loin, derrière une maison. J’y découvre alors une quinzaine d’hommes assis en demi-cercle, au soleil et devant une tablée de bonne bouffe maison! Ils m’accueillent à bras ouverts, m’assoient au bout de la table et m’y rassemblent toute la nourriture disponible. Je rigole avec eux, mais mon turc est à peine meilleur que leur anglais. Au bout d’une demi-heure à être reçu comme un prince, mon hôte arrive finalement à comprendre ma question : pourquoi êtes-vous rassemblés aujourd’hui?
Il met ses mains en prière, les appuie sur sa joue et me dit « My father… kapout. »
Sale et fatigué, je me suis invité dans des funérailles turques et on m’a reçu comme si c’était Noël dans ma propre famille.