En repérage, Vallée Cochamo, Chili (2016)

Au-delà du pont et des tourments émeraude de la rivière, le fjord est là, avec ses bouées et ses enclos à saumon. Ses petites barques de bois ancrées au bout des câbles. À l’approche de l’embouchure de la Cochamo, je vois un écriteau de bois où est annoncé camping. À la maison en bardeaux, je cogne, aucune réponse. Mais les huasos arrivent, et avec eux le dueño. Descendu de son cheval, il s’approche dans ses vieux habits, sale d’avoir besogné toute la journée sur la terre, à rassembler les animaux.

Le vieux me dit que bien sûr, je peux m’installer pour la nuit. Je n’aurai comme voisin que trois pêcheurs du coin, venus taquiner le saumon. S’il te manque quelque chose, n’hésite pas, passe à la maison.

Justement que je lui dis, vous n’auriez pas ça, un ouvre-bouteille? Je ne lui dis pas directement, mais j’ai une bouteille de rouge dans la valise de l’auto, et il me semble que là, après l’avion, après la ville, après la route, après cette campagne chilienne retrouvée et le pan amasado acheté sur le bord de la route, après la Cochamo, qui enfin, coule juste là, après autant d’heures au volant à trouver ça beau, le verre de rouge, ce sera parfait. Il me répond d’un hochement de tête, en s’éloignant.

Après avoir embrassé sa femme, après la douche, après la fatigue qui lui pèse sur les épaules, après être retourné vers le coral saluer ses chevaux, le vieux est revenu avec l’ouvre bouteille. Et deux verres à vin.

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