Pourquoi je «m’entête» à retourner en Crète à chaque année (presque) depuis 25 ans?

Par: Richard Rémy

Pour la petite histoire, je proposais la Crète en 1998 (Karavaniers à l’époque). Mais je n’y avais jamais mis les pieds. Sauf que, candeur et audace aidant, je me disais qu’«une grande île grecque, avec des montagnes, de l’eau bleue et autant d’Histoire», ça devait bien intéresser les gens. Et quand on le vendrait, ben j’irais voir avant. Et c’est ce qui est arrivé. Depuis, j’ai bien compris qu’elle recèle de plus de secrets que je ne pourrai jamais en découvrir. Mais je suis têtu. À chaque fois, je lis une brique de plus, je fouille les cartes pour trouver des petits sentiers. J’améliore l’expérience, en gardant le meilleur de chaque voyage.

Mon plus grand plaisir à faire ce métier depuis 30 ans c’est le «design» maniaque des circuits. Du café servi chaud à ce col au Mustang au lever du jour, à cette dégustation surprise de la meilleure huile d’olive de Crète, à ce petit lunch servi lorsque le soleil éclairera précisément cette crique... Des heures et des heures de «gossage» qui n’ont pour but que de créer un joli moment. J’aime ça.

En octobre, je retourne guider un voyage en partie redessiné. Il y aura encore plus de cette âme que j’aime tant, celle des bergers des Lefka Ori. Le voyage est complet mais nous annonçons déjà une date pour octobre 2026...

Mais juste avant, je serai en repérage sur l’île d’Amorgos. J’y suis déjà allé en vacances en me disant bien que j’allais y revenir pour guider. Donc cette fois, je suis là pour refaire, équilibrer, connecter, logistiser les randos et les couchers de soleil. Parce que lorsque le temps le permet, et voilà pourquoi je propose un voyage de presque 3 semaines, on peut en voir plus. Ici, les collines n’ont pas la majesté de celles de Crète, mais la mer bleue, les criques, les anses sont incroyablement belles. Et ce monastère improbable de Panayia Hozoviotissa filmé en ouverture du film (déjà 30 ans) Le Grand Bleu. D’ailleurs c’est ici qu’a été tourné le film au complet. Ce voyage aura lieu du 4 au 21 mai 2026.

Je m’entête donc à y revenir parce le mystère, la beauté, la grâce, la langueur méditerranéenne m’ont ensorcelé. Et tout comme cette maladie dont je suis atteint suite à mes voyages en Himalaya, la népalite, il n’y a qu’une façon de me soigner : y retourner!

De la montagne à la montagne: La Crète des bergers

De la mer à la montagne: de l'ile d'Amorgos à la Crète - Confirmé

Quelques photos qui racontent des histoires

La Crète c’est, on s’en doute, une histoire de montagnes et de mer. De bergers et de marins. Mais c’est tout autant une histoire de gorges. Plus d’une centaine. Elles ont été le théâtre de beaucoup d’histoires de guerre, les crétois, ces résistants de toujours s’y sont cachés. Ici, celle d’Aradena, que nous remonterons pour arriver à la bergerie. Il y aura aussi la célébrissime Samaria mais que nous prendrons à contrepieds...on la montera aussi.

Yannis, qui tient ici mon fils, je l’ai rencontré il y a 28 ans. À l’époque, sa bergerie, un dortoir avec une toilette sèche, nous servait d’auberge. C’était spartiate mais, curieusement, c’était l’endroit où on avait le plus de «fun»...Avec le temps, son fils Antonis, a construit des maisonnettes confortables. Mais malgré ce temps qui s’entête à avancer, leur vie est encore celle des bergers : Yannis à 82 ans, part tous les matins avec ses chèvres et son chien. Antonis fait le fromage et, le temps venu, récolte les olives pour faire l’huile. Et moi, j’aime tellement cet endroit que nous y passons 4 nuits.

Autour de cette «bergerie» les montagnes font 2000m! Alors sur 4 jours on aura le temps de bien les parcourir. Puis le soir, ce que je considère comme la cuisine la plus savoureuse que je connaisse...je ne parle pas de la nourriture crétoise mais bien de la cuisine de Anna! Ce n’est pas de la fine cuisine, c’est familial et ça baigne dans l’huile... Mais quand tout vient de ta cour arrière, qu’on arrive d’une bonne rando, que le groupe est sympathique, et ben moi, je considère que c’est du Michelin au carré!

Bleu, bleu l’amour est bleu (chantait il y a longtemps Nicoletta)... Ici, à Amorgos, lieu de tournage du Grand Bleu, la mer est profondément bleue. Les collines sont petites mais escarpées si bien que le contour des falaises semble exister pour souligner la beauté du lieu.

Ce monastère érigé au 11e siècle, et au nom difficile à retenir, Panayia Hozoviotissa, vous arrachera quelques larmes...au lever du soleil. Bon, oui je vous lève tôt, mais croyez-moi ça en vaudra la peine. Même le moine sera surpris de nous voir de si belle heure. Mais quand je vous disais que je «gosse» sur les détails pour créer de jolis moments, c’est ce que je veux dire.

Et on termine les voyages par une visite de ce que je considère comme une des plus belles petites villes du monde : Chania. Xania, Hania, La Canée, Kydonia. Les Minoens, les mycéniens, les grecs, les romains, les arabes, les vénitiens, les ottomans, les allemands s’y sont installés et l’ont enrichi. Pour l’amateur d’histoire en moi, c’est le festin. Que je partagerai avec vous!