Longtemps, j’ai eu un amour viscéral pour les livres d’escalade et les cartes topographiques. Je dévorais chaque détail. Je scrutais chacune des longueurs, leurs caractéristiques, leurs difficultés; et surtout, leur esthétisme. Je ne suis pas un grand grimpeur, mais je suis sensible à la beauté d’une voie. Mes perceptions face à la nature sont imprégnées du romantisme des Lumières. J'aime les lignes pures...
Au détour de quelques fantasmes polaires, je me suis enfargé sur le livre « Baffin Island : Climbing Trekking and Skiing » de Mark Synnott. Que de pureté, mais que d’impossibilité! Or une ligne, non pas verticale mais horizontale, m’attendait. Richard Weber, illustre explorateur canadien, imagina cet itinéraire: une ligne qui reliait Clyde River à Pond Inlet, des kilomètres de fjords infinis, des glaciers, des Nanuks et des montagnes d’une verticalité titanesque. Depuis plus de 15 ans, je trace en secret cette ligne dans mes songes.
En mars 2020, le rêve entrait dans la réalité; et je me préparais à partir, avec un ami, pour faire la plus belle section de cette ligne. Jusqu'à ce que, deux semaines avant notre départ, nous recevions une lettre officielle de la communauté de Clyde River, nous disant en quelques mots « Restez chez vous! ». Covid oblige, le rêve n’est pas entré dans la réalité. Crève rêve!
Ce sera donc, finalement, pour mars-avril 2026! Mais avec vous, voyageurs aguerris!