Suivre le fil
Même si j’aime voyager, je préfère pagayer. Pour moi, descendre une rivière en canot est une des meilleures façons de découvrir un territoire. L’eau transporte l’histoire et abrite la vie. Voyager sur une rivière, c’est aussi alterner entre des moments de calme et le chaos grisant des rapides.
La rivière Dumoine est en quelque sorte mon Pérou ! J’y ai passé au total au moins cinq mois, à enseigner les rudiments du canotage; surtout au printemps, avant qu’elle ne devienne plus achalandée. Je me sens chez moi sous ses grands pins, dans ses rapides, et même dans ses portages. D’autres rivières, comme la Coulonge, la Bazin, la Gatineau, la Rouge, la Matawin, la Jacques-Cartier, ou encore la rivière des Outaouais, ont chacune leur propre charme que je prends plaisir à redécouvrir encore aujourd’hui.
Pour des expéditions de plus longues envergures, mon parcours de pagayeuse, d’enseignante, et même de chercheure, m’a menée sur plusieurs rivières nordiques du Québec. La Pékans/Moisie et la Godbout sur la Côte-Nord; ou encore la Péribonka, que j’ai descendue depuis les monts Otish. J’ai également pagayé et survolé la rivière Magpie dans le cadre d’un projet de recherche. Plus au nord, dans les régions de la Baie-James et de la Baie d’Hudson, j’ai plongé ma pagaie dans les eaux de la Broadback, de la Kanaapscow, de la Nastapoka, pour en cartographier le parcours; et j’ai portagé avec peine les nombreux rapides de la Petite-Rivière à la Baleine. Bien que j’avoue avoir un faible pour la taïga forestière et le confort de la mousse, j’ai aussi apprécié les parois, le sable et les rapides plus que volumineux du Colorado dans le Grand Canyon.
Et puis, il y a les rivières de la maison, celles du Saguenay–Lac-Saint-Jean, que j’ai descendues encore et encore. La rivière aux Sables et la Sainte-Marguerite m’ont vue naître comme pagayeuse, tandis que la Shipshaw a forgé mon expérience comme rafteuse. L’Ashuapmushuan m’a enseigné l’humilité; avant de devenir, quelques années plus tard, le lieu où je me suis formée comme enseignante. La Métabetchouan est mon camp de base où, chaque été, je profite de la compagnie précieuse de mes amis. Les plages de la Mistassibi Nord-Ouest m’ont offert d’innombrables repas partagés entre amis et en famille; tandis que sa cousine, la Mistassibi Nord-Est, offre des expéditions un peu plus sportives.