Le matin des drapeaux

J’ai fait mon premier trek dans la région de l’Everest en février 1999, avec Saiko, une amie japonaise rencontrée à Kathmandou. Nous avions à peu près un mois devant nous, sans calendrier précis, avec l’envie de ne pas se presser. À notre arrivée à Namche Bazaar, nous ne prenons pas le chemin des auberges principales du village, mais allons plutôt du côté des petites maisons, sur le versant gauche. Un homme se penche à sa fenêtre et nous demande ce que nous cherchons. Je réponds alors, avec quelques mots de nepali, s’il connait un endroit où nous loger tout près. Il nous offre tout simplement de rester chez-lui, avec sa famille, pour quelques jours. Comme il n’y a pas encore de télévision ni d’internet, nous passons nos soirées à jouer aux cartes ou à des jeux de mémoire. Un matin, il arrive avec de grands tissus bleus, blancs, rouge, vert et jaune, et une plaque de bois gravée. Il me dit qu’il est temps de remplacer les drapeaux de prières sur le toit de la maison, qui commencent à être délavés par le vent et le soleil. Nous coupons les tissus en carrés, et, avec de l’encre noire et un tampon, procédons à l’impression des lettres et motifs religieux sur chacun des drapeaux de prière. Il aurait sûrement été possible d’aller en acheter au marché, mais non, Gyalzen Sherpa préférait les imprimer lui-même, un peu comme on fait son pain maison…

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