La route des Indes: avant-après

Je ne tombais pas dans l’originalité de vouloir un jour, comme bien des backpackers de l’époque, fouler le sol indien. Sauf que l’idée d’y débarquer en avion depuis l’occident me rebutait, malgré ma soif de changements de cultures drastiques. J’avais envie de sentir la transition Europe-Asie, voir s’il y avait une quelconque coupure en traversant feues Bysance et Constantinople; en plus du désir de sentir l’occident disparaître derrière moi. C’est donc pouce en l’air que je quittai Athènes vers l’Est, après de belles vacances en famille avec maman et ma petite sœur. Question de mettre toutes les chances de mon côté (j’étais quand même à 5000 km du but) en plus de viser l’effet de surprise, je gribouillai sur un grand carton : « INDIA ». Ça a marché un temps, jusqu’à ce que les attentes plus longues me donnent des fourmis dans les orteils. L’auto-stop n’était pas une question d’argent. Je venais de travailler à Londres pendant deux ans, et le taux de change de la Livre Sterling allait être grandement à mon avantage n’importe où à l’Est du Bosphore. Le train et l’autobus devinrent donc mes nouveaux compagnons d’aventure de villes en villages; ce qui entamait, sans en être trop certain (j’avais quitté Londres avec un aller simple sur Athènes), le début d’un périple routier de sept mois qui allait me faire découvrir bien avant l’Inde : la splendide Turquie pour une deuxième fois, le chaleureux peuple iranien et ce fascinant Pakistan; puis, après deux mois à sillonner le Nord de l’Inde, aboutir au Népal à enseigner l’anglais dans une petite école rurale du Teraï. Une des meilleures leçons que l’expérience des voyages m’avait enseignées, était de prévenir le désir de ne point vouloir rentrer au pays. J’avais prévu le coup au départ de Londres, avec en poche un PVT (permis de vacances-travail) d’un an pour l’Australie. Tout ça totalisa quatre ans. Un baccalauréat en errances et pérégrinations finalement. Comme le disait si bien Suzanne chez Karavaniers : « J’ai pas de bacc, mais j’ai un background ».

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